LE CERCLE D'HISTOIRE ET DE TRADITIONS DE LIBIN
AUX SOURCES DE LA LESSE – Revue n° 5 – 192 pages (2003)
1ère partie : Recherches historiques
Les grandes manœuvres organisées à Libin en 1903 – Notes de l'Abbé Henquinet
Plus d'un demi-siècle de paix pour notre pays ! À l'heure où les témoins de la dernière guerre se font
de plus en plus rares et que notre armée, professionnalisée, s'intègre dans une organisation qui dépasse
nos frontières, il n'est pas simple d'imaginer comment était perçue la défense de notre territoire avant
le premier conflit mondial. Le récit des "Grandes manœuvres" qui se sont déroulées dans la région de
Libin en septembre 1903 peut nous éclairer. Une approche originale fut tentée par l'abbé Henquinet
dans la feuille paroissiale de Libin. Au travers des articles de presse collationnés par ses soins, il rédigea
pour ses paroissiens une courte étude qui sert de base au présent article.
Quelques anciens bâtiments remarquables à Ochamps – Joseph Jacquemin
Les matrices cadastrales établies en 1843 nous permettent de suivre l'évolution des habitations au cours du xixe siècle, mais qu'en est-il pour les années antérieures? Parmi les bâtiments anciens du village d'Ochamps dont nous connaissons avec précision l'implantation, nous pouvons citer la ferme de La Roche Renaud, l'église, le moulin banal, le moulin de l'Hestrois et la "Maison forte". Cette étude nous permettra, au travers de documents glanés dans les archives, de dévoiler une partie de leur passé au travers de leurs propriétaires successifs.
Le procès criminel de Jean Collart Donny en 1617 – Jean-Claude Lebrun
Dans notre civilisation occidentale marquée par la morale judéo-chrétienne, le respect de la vie d'autrui a toujours été une valeur respectée et considérée comme une des bases de la vie en société. Cependant, il suffit d'ouvrir un journal à la page des faits-divers pour constater les nombreuses exceptions à cette loi naturelle. Les crimes mafieux, passionnels ou politiques ne sont pas rares et les cours de justice sont, de nos jours, souvent sollicitées. Qu'en était-il à Libin sous l'Ancien Régime? Comment se déroulait un procès? Un bel exemple nous est offert dans le récit de la condamnation de Jean Collart Donny, accusé de crime... un soir de kermesse à Transinne en 1617.
La djustice du Viance ou xvii e sièke : Procès criminèl da Djan Collart Donny – Ernest Benoit
Ça s'è passé in djoûr du dicôce à Transinne, al fin du jwin mile chîs çant dîj sèt, lu f’nô èstot djà bin avancè. I f'jot vrêmint bon, lu solê pou l'ocâsion avot gratifié la djoûrnée du tous sès rês lès pus bês ; tout s'prèparot pou fwère ène bone dicôce : violoneûs, flûtisses, tambourins, acompagnint lès djon.nes djins antrin.nés pou mwêsse djon.ne ome pou r'kèster lès couméres al danse ; ça s'fèjot adlé la fontin.ne, là i gn-avot in mat d’cocagne, avu djambons èt sôcisses.
Le mémorial du sergent Prédali à Smuid – Clotilde Benoit et Marcelle Michel
Le 24 décembre 1944, en réponse à l’attaque allemande dans l’Ardenne belge, le régiment où sert Prédali, un soldat français, reçoit l’ordre de départ immédiat pour la Belgique. Il est affecté à la zone Bertrix-Ochamps et le P.C. doit être établi dans la crypte de l’église paroissiale de Bertrix. La colonne se met en route. Arrivés le 25 décembre, les S.A.S. sont actifs sur un large front dans des conditions atmosphériques très pénibles : le thermomètre descend la nuit à moins 20 degrés. À partir du P.C. de Bertrix, le commandant Puech-Samson déploie ses patrouilles en missions d’observation. C’est au cours d’une de ces missions que le sergent Prédali, trouvera la mort le 1er janvier à Smuid.
2ème partie : Au hasard des archives
Record de la justice de Redu en 1526 – Jean-Claude Lebrun
En parcourant les rues du village du livre et de l'espace, les touristes du xxie siècle parcourent les librairies en admirant, au passage, les solides fermes ardennaises qui les abritent. Si le caractère rural s'affirme toujours à chaque coin de rue, bien peu de passants sont capables d'imaginer la vie des habitants de Redu… il y a près de cinq siècles ! Lorsqu'en 1526, les habitants souhaitent voir présentés par écrit leurs coutumes et leurs usages, la situation de nos villages devait être problématique. Les troupes armées déferlaient régulièrement dans le Luxembourg. N'oublions pas qu'en 1521, au grand ébahissement de l'Europe stupéfaite d'une pareille audace, Robert de la Marck avait déclaré la guerre à l'empereur Charles-Quint en personne.
La construction de la scierie du "Pré Moreau" à Redu – Jean-Claude Lebrun
Étant fort encaissée, la vallée de la Lesse a pu, au cours des siècles, accueillir de nombreux moulins et autres installations qui utilisaient l'énergie hydraulique. Dès le IXe siècle, deux moulins sont attestés sur le territoire actuel de notre commune. En 1614, une scierie fonctionne aux confins de Libin, sur le territoire de Redu. En consultant des documents inventoriés dans les archives du château de Resteigne appartenant à la famille d'Hoffschmidt, la concession de cette scierie est datée du 6 juin 1614.
Les habitants de Smuid face au châtelain de Mirwart – Jean-Claude Lebrun
En sa séance du 8 décembre 1833, le conseil communal de Libin argumente sa délibération et demande l'autorisation de poursuivre en justice d'Artigues, propriétaire du château de Mirwart et des bois environnants. Le bourgmestre Duchêne et ses conseillers souhaitent protéger les intérêts des habitants de Smuid.
3ème partie : Pratiques agricoles anciennes
De la chanvrière à la toile – "Du l’ tchambrîre al twâye" – Pierre Otjacques
L'étude et l'interprétation des toponymes rencontrés sur une carte cadastrale peuvent nous éclairer sur les pratiques agricoles dans notre territoire libinois. Les "Tchambrîres" en sont un bel exemple. Beaucoup de nos contemporains ont oublié le sens de ce terme wallon. Il s'agissait en fait d'un terrain où l'on cultivait le chanvre. Les chanvrières ou chenevières n'étaient pas rares et nos ancêtres ardennais consacraient une partie de leurs terres cultivées à cette production artisanale.
4ème partie : Coutumes, traditions et légendes
Histoire des commodités… incommodes – Clotilde Benoit
La question des besoins naturels n'a jamais suscité qu'indifférence et hilarité. Les lieux d'aisance ont rarement retenu l'attention des historiens. Seuls les hygiénistes de la fin du XIXe siècle se sont penchés sur la salubrité de ces lieux et sur la "digestion agricole" des déchets organiques utilisés comme engrais. Cependant, les cabinets en planches ont embaumé nos villages et ont longtemps voisiné avec les fermes de nos ancêtres. Ils faisaient partie du paysage rural. Témoignage…
Topographie médicale à Libin (1914) – D'après le livre du Docteur G. Lefort
Dès la fin du XIXe siècle, les scientifiques s'organisent pour lutter contre les miasmes et autres pestilences causés par les fermentations et la pourriture. Les premiers hygiénistes dressent le relevé des sources de contamination. C'est ainsi qu'en 1914, sort de presse la Topographie médicale du Royaume de Belgique. Dans ce volumineux ouvrage, le docteur G. Lefort' passe en revue toutes les communes du royaume.
Il décrit la situation de chaque village et notamment de Libin. Il nous a paru intéressant de reprendre des extraits significatifs de ses observations pour compléter et enrichir le sujet sur l'histoire des commodités.
Paul Demarécaux, le "Suisse" de la paroisse de Villance – Marie-Madeleine Antoine
Au mot « Suisse », le Petit Larousse nous donne les définitions suivantes : habitant de la Suisse, portier, concierge d'une grande maison ou employé d'église en uniforme qui ouvrait les cortèges et veillait au bon ordre des offices. Bien sûr, le « Suisse » dont nous parlons ici répond à la troisième définition. Peu de paroisses étaient assurées des services d'un Suisse. Paliseul et Villance étaient de celles-là.
Léjande su les macrâles du Viance – Ernest Benoit
Dans un article du 14 septembre 1948, A. Jacoby résume succinctement l'histoire du ban de Villance puis cède la parole à l'abbé Pierre Poncelet, curé de la paroisse, qui détaille quelques événements de la vie paroissiale. Le journaliste termine son article par ces mots : « Mais, Villance n'a pas seulement un long et beau passé historique et religieux, il a aussi un intéressant passé folklorique. À propos de sorcières notamment, j'ai lu un jour dans ce même journal quelques lignes amusantes que je me permets de rappeler.» C’est ce texte qui a inspiré l’auteur pour l’adapter en dialecte local.
Lu trö du bouc – Ernest Benoit
Le trou du bouc à Anloy est un lieu-dit bien connu des habitants de ce village. Il se situe à la limite du territoire de cette ancienne commune dans la direction de Jéhonville. L'origine de ce toponyme nous est inconnue. Mais l'ignorance… s'efface souvent pour laisser la place au mystère, puis à l'imagination. La légende du Verbouc est ainsi née. La voici contée en wallon.
5ème partie : De nos correspondants
Châtelains du ban de Villance des XVe et XVIe siècles – Jean-Pol weber
Jean-Claude Lebrun a consacré une intéressante étude à la châtellenie de Villance, à la charnière des XVIe et XVIIe siècles, alors qu’elle était sous la domination espagnole. Plus que la personnalité du châtelain Jean Lambert de Daverdisse, il a évoqué le cadre dans lequel ont évolué les communautés du ban de Villance, alors sous la coupe des seigneurs luxembourgeois de Mirwart. Voici quelques renseignements qui complètent et précisent utilement ce travail.
Jean-Pierre Ponsard, une vie passée à Anloy – Roger Ponsard
Jean Pierre Ponsard, fils de Pierre Joseph Ponsard et de Marie Joseph Mahy, naît à Anloy le 28 octobre 1818. Ses parents, agriculteurs, vivent du côté de Framont. Ils se sont mariés le 3 prairial de l'an 13. Ils eurent deux enfants morts en bas âge puis, en 1814, une fille, Marie Catherine. Quatre ans plus tard naît Jean Pierre. À la naissance de celui-ci, le papa, qui s'était marié tard, a déjà 66 ans. La maman de Jean Pierre meurt trois jours après l'accouchement. La petite Marie Catherine meurt aussi un mois plus tard et Jean Pierre, bébé de un mois, reste aux soins d'un veuf de 66 ans…
6ème partie : Étude généalogique
La famille Mahin – Georges Duchêne
Bien que l’on trouve des MAHIN à Transinne en 1599 et en 1614, l’origine des MAHIN actuels me semble provenir de Bouillon. Je n’ai trouvé aucun MAHIN né, marié, décédé ou même parrain ou marraine dans les registres de Villance qui contiennent aussi les actes de Transinne entre 1630 et 1714. La première apparition du patronyme MAHIN dans les tables de Transinne (les actes ont disparu) est une naissance en 1718, la suivante en 1735.
Un Renault MAHIN né à Bouillon est venu s’établir à Beauraing et son fils Guillaume né à Beauraing s’installe à Libin. Celui-ci a un oncle, dont le nom n’est pas précisé, qui possède des terres à Transinne.